Par Manon Bonneau
Si je vous dis Milou ou Idéfix, quelle image vous vient à l’esprit? Un chien d’une bande dessinée, bien sûr… mais encore? Une simple recherche sur Google Images fait apparaître ces gentils cabots avec… un os entre les dents. Quant à Pluto, il rêve qu’une série d’os déboule jusqu’à sa niche et Marmaduke se rue chez le boucher!
Je lis actuellement un livre traitant de la relation chien/humain et dont le titre est très évocateur… « Si les prières d’un chien étaient exaucées… il pleuvrait des os » (If a dog’s prayers were answered… bones would rain from the sky – Suzanne Clothier).
En effet, contrairement à la croyance populaire, les os crus (et non pas cuits) font partie des aliments sains que nos compagnons canins devraient consommer. Pas nécessairement en grande quantité, mais ils doivent quand même se retrouver au menu. On s’assurera que l’os offert sera entouré d’une grande quantité de viande, dans un ratio viande/os avoisinant les 80/20: c’est ce qu’on appelle un os charnu.
On doit se rappeler que chiens et chats font partie de l’ordre des Carnivores et que leur système digestif est adapté à consommer de la viande et des os. En leur offrant ces aliments, crus, nous répondons à un besoin fondamental, nous respectons leur nature physiologique.
Vous en doutez? Regardons cela de plus près. Tout d’abord, la dentition de Fido et de Chaton est munie de dents carnassières qui ont la particularité de cisailler la chair tout comme le feraient des ciseaux. Elles permettent également d’écraser et de broyer les os. Tous les carnivores possèdent des canines bien développées et allongées leur permettant d’attraper une proie et de déchirer la chair (cela est particulièrement le cas chez le chat).
Au niveau de la mâchoire, vous remarquerez que chiens et chats sont incapables de lui faire faire des mouvements latéraux (contrairement aux herbivores qui mastiquent inlassablement leur nourriture). Le chien et le chat mordent, déchirent, coupent, grugent, croquent… et avalent : il n’y a aucune mastication, et la déglutition (action d’avaler) est rapide.
Mais je lis dans vos pensées… «De la viande crue!?! Et les bactéries dans tout ça? ». Sachez que de l’acide chlorhydrique est sécrété au niveau de l’estomac et qu’ainsi le pH est abaissé aux environs de 2. Ce phénomène crée alors un environnement stomacal très acide permettant de combattre les bactéries qui pourraient se trouver dans la nourriture et dans tout ce que l’animal a pu ingérer (à moins que l’animal ne soit immunodéprimé).
Enfin, la longueur du tractus intestinal n’est pas du tout la même chez les herbivores et chez les carnivores. Chez les herbivores, ce tractus peut représenter 10 à 25 fois la longueur du corps de l’animal. Quant aux carnivores, la longueur de leur tractus intestinal se situe entre 4 à 6 fois la longueur de leur corps. Les aliments que ces derniers consomment doivent donc être digérés rapidement, car la surface d’absorption au niveau intestinal est limitée. Chiens et chats ont donc besoin d’aliments hautement digestibles.
Depuis une cinquantaine d’années, des croquettes industrielles composées majoritairement de céréales sont apparues sur le marché. Il ne faut pas croire que ce type d’alimentation aurait pu transformer le système digestif de nos chiens et chats. Cette moulée est peut-être bien pratique pour nous, les humains, mais physiologiquement, les Fido et Chaton de ce monde sont demeurés des carnivores : leur alimentation doit être basée sur de la viande, et non sur des céréales, comme c’est le cas pour les croquettes.
Tout comme cela est vrai pour les humains, la consommation d’aliments non adaptés au système digestif peut entraîner des conséquences fâcheuses. Aujourd’hui, de nombreux animaux présentent des problèmes de santé qui sont en grande partie reliés aux aliments qu’ils consomment : obésité, allergies, troubles digestifs, diarrhée, problèmes cutanés, otites, infection du tractus urinaire, odeurs nauséabondes, diabète, cancers.
Une autre conséquence majeure de la mise au rancart de l’alimentation saine (incluant des os charnus) et son remplacement par des croquettes est l’augmentation massive de maladies parodontales. Comme le rapporte le vétérinaire Tom Lonsdale dans son livre Raw Meaty Bones, « plus de 85 pour cent des chiens et des chats âgés de plus de trois ans souffrent de maladies parodontales à un point tel qu’ils gagneraient à recevoir un traitement ». Il est désolant de constater que du point de vue alimentaire, entre autres, nous dénaturons le chien et le chat à un point tel que l’on doive recourir régulièrement à des traitements de détartrage nécessitant une anesthésie générale.
Or, en plus d’être un aliment de choix, les os charnus agissent à titre de brosse à dents! Leur mâchouillement permet de masser les gencives, d’éliminer la plaque et le tartre, un travail que ne peuvent accomplir les croquettes. Cette activité permet également à l’animal de renforcer les muscles sollicités et de lui apporter une forme d’apaisement.
Un chien heureux de gruger un os, ça ne se voit pas que dans les bandes dessinées… ça se voit également dans ma cour! Quel spectacle agréable m’est offert par Bernie quand je lui montre cet « objet » tant convoité : ses yeux s’agrandissent, il salive, se lèche les babines, puis se dirige vers la porte et attend impatiemment que je me décide à ouvrir cette dernière. Et puis hop! Je lance son os charnu à l’extérieur. La queue frétillante de bonheur, Bernie court vers son os, le relâche, le renifle, recule en faisant des sauts, se couche, se relève, reprend son bien et va se trouver un endroit où il pourra assurément le gruger en toute quiétude.
Depuis de nombreuses années, je ne me lasse pas de le regarder faire cette mise en scène… et je sais que mon fidèle compagnon est probablement le chien le plus heureux du monde… car ses prières ont été exaucées!
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire